Julia Hountou, “Entre terre et ciel - Gina Pane, Van Gogh et Artaud”, Art Présence, n°50, avril-juin 2004, pp. 1-12













Julia Hountou, “Entre terre et ciel - Gina Pane, Van Gogh et Artaud”, Art Présence, n°50, avril-juin 2004, pp. 1-12
Textes publiés ou dactylographiés, notes de travail, répartis en quatre sections (art, science, politique, quotidien), telles que définies par l’artiste elle-même. Pour puiser à la source l’ensemble de ses réflexions sur le corps, ses actions performatives, la douleur, l’art, etc.
— Auteurs : textes réunis par Blandine Chavanne, Julia Hountou et Anne Marchand
— Éditeur : École nationale supérieure des Beaux-arts, Paris
— Collection : Écrits d’artistes
— Année : 2004
— Format : 14 x 20,50 cm
— Illustrations : quelques, en noir et blanc
— Pages : 246
— Langue : français
— ISBN : 2-84056-147-6
— Prix : 18 €
Dans cet ouvrage, se trouvent deux grands types d’écrits : d’une part les textes achevés, d’autre part les notes, commentaires, réflexions qui sont le reflet de la pensée intime de l’artiste.
Nous avons regroupé dans une première partie, de façon chronologique, les textes publiés et datés. Les textes dactylographiés, achevés mais non publiés, sont ensuite regroupés, tout d’abord par ordre chronologique lorsqu’ils sont datés, puis en essayant d’établir une chronologie pour les autres.
La grande majorité des textes retrouvés relève plutôt de la note de travail.
Leur classement chronologique est très difficile. En effet Gina Pane s’attachant à approfondir sa démarche revenait souvent sur les mêmes thèmes à plusieurs années de distance.
Parfois en raison du contexte, il est possible de préciser la période concernée : ainsi tous les écrits liés à son enseignement au Mans se situent entre 1975 et 1990.
Cependant nous sommes plutôt en face d’un grand nombre de courts paragraphes, parfois de phrases isolées qui aidaient l’artiste à préciser sa pensée, à modifier un cours, à énoncer une idée.
Afin de ne pas la paraphraser, nous avons essayé de classer les écrits autour de quatre grandes notions que Gina Pane énonce en 1974 dans Lettre à un(e) inconnu(e):
» ART / SCIENCE / POLITIQUE / QUOTIDIEN. C’est mon propos « , explique-t-elle.
Ces chapitres nous permettent un éclairage nouveau sur les thèmes qui lui sont chers : ainsi nous avons regroupé dans le chapitre ART, les définitions que Gina Pane donne de son art, les écrits consacrés à l’action et enfin les généralités sur l’art et les artistes.
Dans SCIENCE, deux grandes parties couvrent d’une part les idées de Gina Pane sur l’enseignement et d’autre part ses réflexions sur le corps biologique/psychologique.
Dans POLITIQUE, nous découvrons les réflexions de l’artiste sur le monde et l’actualité.
Enfin dans QUOTIDIEN, nous avons regroupé ce qui concerne la famille, les réflexions personnelles, les objets et enfin les poèmes, qui reflètent avec beaucoup d’intensité l’univers personnel de Gina Pane.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de l’Ensba)
L’artiste
Gina Pane, d’origine italienne, est née à Biarritz. Elle enseigne la peinture à l’école des beaux-arts du Mans de 1975 à 1990. En 1978, elle crée et anime un atelier de performance au Centre Georges-Pompidou. Elle décède à Paris en 1990.
Couverture de la revue Etudes photographiques, novembre 2000, n°8
“Un an avant sa disparition, Gina Pane (1939-1990) faisait une déclaration qui suffit à définir le statut qu’elle accordait à ses grands montages photographiques dénommés « constats d’action ». « La mise au mur était donc déjà intégrée dans l’action, affirme-t-elle.
L’action corporelle n’a jamais été pensée comme une œuvre éphémère, mais comme une composition murale réalisée en trois temps1. »
Ces trois temps – préparation (story-boards), action et prises de vue, puis montage –, désignent un processus maîtrisé dans lequel la photographie travaille à l’accomplissement iconique de la performance.
Robert Fleck, à l’occasion de la récente rétrospective consacrée à Gina Pane, évoquait l’apparente conversion de ces “constats” documentaires en œuvres autonomes2.
Selon lui, l’idée même de concevoir la documentation d’une action « comme une œuvre multimédia indépendante3 » est une des contributions majeures de Gina Pane à l’art de la performance.
Mais cette « autre œuvre » (Fleck) est-elle véritablement “autre” ?
La performance et le “constat” final s’imbriquent à tel point qu’on ne sait plus très bien si l’action est conçue selon les contraintes de l’enregistrement visuel, ou bien si les images s’adaptent au scénario de la performance.
La finalité que Gina Pane semble assigner à l’action, ce qu’elle désigne comme des « compositions murales », ne plaide-t-elle pas plutôt en faveur d’une combinaison des pratiques visant à un unique résultat, au risque de priver l’action d’une autonomie qu’on voudrait peut-être trop lui accorder ?
À l’heure où l’art corporel s’établit officiellement dans l’histoire de l’art4, la question semblera “iconoclaste”.
Il n’empêche, la position de la plus éminente représentante de l’art corporel en France mérite que l’on s’y attarde.
On décrira donc ici, au travers notamment de son célèbre Autoportrait(s) de 1973, la “méthode photographique” de Gina Pane, en observant la frontière floue qui sépare le référent de sa représentation. (...)”
Extrait de l’article de Julia Hountou